Projet de recherche postdoctorale 2023-2024

Traduire et transmettre l’expérience de la violence extrême après 1945

Description

« La parole est impossible mais l’oubli est intolérable », écrit Nicole Lapierre dans Le silence de la mémoire. C’est dans cette tension que se joue le témoignage de la violence extrême. Or elle ne peut pas être comprise en dehors de l’expérience de ceux et celles qui y ont survécu. Le témoignage cherche à acter le déplacement de la barbarie vers l’univers du compréhensible. Par conséquent, pour être racontée, la survie doit quitter le terrain de l’impossibilité et de l’impuissance qui entoure le langage des autres afin de revendiquer le langage comme un acte de création toujours fragmentaire et subjective. La langue du récit des survivants est donc par définition un actant, au sens que lui donne le sociologue Bruno Latour.

Raconter l’expérience limite, mettre en mots la fragilité de la survie, rendre compte, à partir de sa singularité propre, de la dimension collective qui sous-tend la souffrance innom­mable, est une tâche difficile à laquelle, pourtant, se sont attelés un grand nombre de témoins. Mais pour pouvoir écrire, il a fallu que le témoin se dote de principes organisateurs des pratiques vécues et qu’il aborde sans concession les représentations que la société en véhicule. Il a fallu donc traduire pour transmettre, traduire pour être compris – aussi dans d’autres langues et cultures –, traduire pour trouver sa place dans des sociétés qui ont eu besoin de dépasser l’horreur pour avancer et sortir de la violence.

Ce projet d’encadrement post-doctoral s’insère dans un projet collectif mis en route en 2020. Il s’agissait initialement de proposer une réflexion sur les témoignages littéraires en langue allemande sur la violence d’État nazie produits après 1945. La perspective a rapidement été élargie de deux manières : d’une part en intégrant d’autres aires linguistiques, notamment l’aire hispanophone et francophone (avec le Rwanda), d’autre part en croisant méthodologiquement les études littéraires et une approche sociologique. Cela a abouti à deux colloques internationaux organisés en décembre 2021, qui se sont déroulés avec grand succès (l’un à l’UPEC et l’autre en Pologne, à Łódź, avec une publication sous presse). Le succès international de l’appel à contribution (avec de jeunes chercheurs venus notamment du Canada, du Liban, de Djibouti) tout comme les réseaux thématiques dégagés lors de cette manifestation ont démontré la solidité du projet, auquel ont participé plusieurs membres du laboratoire. Il démontre aussi la richesse du vivier potentiel de candidats à un tel projet.

consulter les modalités de candidature


consulter le projet détaillé

 

Dates
Créé le 4 mai 2023